Début juin à Strasbourg la communauté kurde a subie plusieurs attaques des Loups gris, un groupuscule d’extrême droite lié au pouvoir turc, qui menace et attaque régulièrement la diaspora kurde mais aussi les militants et militantes de gauche.
Le 1er juin 2024, des militants kurdes du groupe CDK-F tenant une veille régulière pour la libération d’Abdullah Öcalan devant le Conseil de l’Europe à Strasbourg, ont été attaqués par le groupe ultranationaliste turc Loups gris. Cette attaque, la deuxième en une semaine, illustre les manœuvres mises en place par les groupes d’extrême droite pour semer la peur dans les communautés qu’ils visent. La diaspora kurde en Europe est plus que jamais menacée par le groupe armé turc, parfois avec la complicité passive des États. À la fin du mois de mars 2024 par exemple, durant les célébrations de Newroz (le nouvel an kurde) les Loups gris ont perpétré de nombreuses attaques envers les membres de la communauté kurde de Belgique
Les médias européens tendent à minimiser les enjeux politiques de ces agressions. Le journal les Dernières nouvelles d’Alsace présente ainsi l’attaque des Loups gris sur les militant·es kurdes comme une « rixe entre communautés » [1]. Ce traitement réducteur minimise la dimension politique de la situation et la dangerosité du groupe Loups gris.
Les Loups gris sont une organisation d’extrême droite turque ultra-nationaliste et turquo-islamique liée au Parti d’action nationaliste (MHP) et proche de l’AKP (le parti d’Erdogan). Ses membres ont été historiquement débauchés par différentes instances régaliennes, comme l’armée ou les services secrets turcs, pour réprimer des oppositions politiques ou des minorités en Turquie et dans le reste du monde. Déclaré illégal en France, la dimension mafieuse du groupe et son investissement dans des associations sportives et culturelles lui permettent de toujours être actif dans l’Hexagone, accomplissant des actions violentes et racistes à l’encontre des communautés kurde, alévie et arménienne mais aussi des militants et militantes de gauche.
En Europe les Loups gris entretiennent des liens avec la droite et l’extrême droite, notamment en rejoignant les partis européens afin de pousser les intérêts de l’impérialisme turc. En Alsace, c’est par exemple un lien entre l’ancien député LR Yves Hemedinger et Süzer Ömer qui est militant LR mais aussi du MHP2. Les Loups gris sont une organisation qu’il faut prendre au sérieux dans la menace qu’elle représente par ses idées d’extrême droite et par ses méthodes violentes. En 2022 l’extrême droite turque assassine les militant·es et réfugié·es kurdes Mîr Perwer, Abdulrahman Kizil et Emine Kara, reflétant la politique impérialiste et raciste que l’État turc mène sur son territoire et à travers la guerre contre le Rojava. La violence des Loups gris illustre les tactiques politiques d’un État d’extrême droite. Notre soutien aux communautés kurdes face à la violence de l’État turc ne doit pas être seulement humaniste, elle doit être antifasciste et internationaliste. C’est par une entraide internationale que nous pourrons collectivement faire face aux extrêmes droites, qu’elles soient européennes ou turques.
Charlotte et Abel (UCL Alsace)
[1] « Rixe entre communautés turque et kurde près de l’Orangerie », Dernières Nouvelles d’Alsace, 2 juin 2024 https://www.dna.fr/faits-divers-justice/2024/06/02/rixe-entre-communautes-turque-et-kurde-pres-de-l-orangerie